dimanche 13 février 2011

The Game – David Fincher

"The Game" est le troisième film de David Fincher; il est sorti en 1997. Avec des films comme Seven, Fight Club,ou plus récemment The Social Network, David Fincher a su faire preuve de constance dans l'excellence et s'est imposé comme l'un des grands réalisateurs d'hollywood.







Héritier d’une riche dynastie, Nicholas Von Orten (Michael Douglas) est un gérant de fonds spéculatifs doté d’un sens inné de l’investissement. Il vit entouré de gens employés pour le servir et se retranche tous les soirs dans la gigantesque propriété familiale dans la banlieue de San Francisco. Nicholas a réussi et il contrôle dans les moindres détails tous les aspects de sa vie. Tous sauf un : sa famille. Des années après, il reste hanté par le souvenir du suicide de son père qui s’est jeté du haut du toit de la maison dans laquelle il habite toujours. Son jeune frère Conrad (interprété avec brio par Sean Penn), ancien junkie et rebelle de la famille, est une des rares personnes avec qui il accepte d’avoir des relations sociales plus approfondies que « bonjour, aurevoir, pourriez-vous m’apporter un café ? ».
Pour son 48ème anniversaire, Conrad lui offre un cadeau intriguant : la brochure d’une mystérieuse société qui crée des jeux grandeur nature sur mesure pour les gens fortunés qui s’ennuient. Dubitatif, notre banquier décide de tenter sa chance, remplit les questionnaires et effectue les examens préliminaires au lancement de «the game » qu’un des riches amis qui fréquente son club privé résume en citant un vers des psaumes : « j’étais aveugle, mais maintenant je vois. »
Car la particularité de ce jeu est qu’une fois commencé, on ne sait plus ce qui est de l’ordre du hasard et ce qui participe du jeu : tous les événements de la vie courante deviennent suspicieux et Nicholas, tout d’abord incrédule, va très vite sombrer dans la paranoïa. Et on le comprend : le vieux présentateur qui lit d’une voix monocorde les dernières nouvelles de la bourse se met à lui énoncer les règles du jeu, on le suit, il récupère des notes étranges, des clés et des objets qui vont se révéler utiles des jours plus tard...Les scènes insolites imputables à CRS (Consumer recreation services) se multiplient et leur gravité s’accentue. Très vite, il semble qu’il ne s’agit pas d’un simple jeu et que les choses prennent une tournure beaucoup plus sombre : CRS serait une association d’escrocs de haut vol qui ne reculent devant rien pour s’approprier la fortune de leurs riches clients et les faire taire pour toujours : la vie si contrôlée de Nicholas prend alors des allures de film d’action et notre banquier guindé se retrouve bien malgré lui dans la peau d’un Bruce Willis.
A première vue, ce film n’a rien d’original. C’est un scénario de chasse à l’homme comme on en a tant vu, avec toutes les spécificités et les limitations du genre : cliffhangers à gogo, course poursuites dans des ruelles sombres, fusillades, paranoïa constante et escalade dans les violences dont fait l’objet le héros.
Comme dans beaucoup de films du genre, la succession des événements est hautement improbable et Nicholas enchaîne les situations casse-coup sans trop d’accroc en tombant toujours là où il faut (après le film on se pose toujours des questions inutiles comme : et s’il n’avait pas sauté de ce côté-là mais plutôt de ce côté-ci.)
Mais si l’on accepte ces poncifs, on se voit proposer un film riche qui joue subtilement sur le recoupement entre la réalité et l’artifice. Dès que le jeu commence, Nicholas (et le spectateur) est contraintce qui lui arrive avec plus ou moins de justesse. Il est obligé de quitter le confort d’une existence minutieusement orchoestrée dans laquelle tous les rapports de force sont en sa faceur pour faire face à l’inconnu et finalement à la vie : « Life is what happens when you are busy making other plans » comme dirait l’autre.
Au delà d’une histoire bien rythmée, haletante, filmée avec élégance par un David Fincher au mieux de sa forme, on trouve une réflexion sur le cinéma et la fiction en général. La plupart des protagonistes que rencontrent Nicholas sont des comédiens, ils jouent à la fois dans le film de Fincher mais aussi dans le film dont Nicholas devient le héros. Cette mise en abyme qui fait aussi penser à celle d’Inception est fascinante. Elle permet à Fincher de transcender la réalité de sa fiction, de faire revenir les morts comme sur la scène d’un théatre.. .
Finalement, ce qu’offre Conrad à son frère aîné n’est rien d’autre qu’une thérapie pour banquier froid et calculateur. Comme Fincher le suggère, Nicholas va renaître à travers ses péripéties et réapprendre à intéragir avec les autres en étant contraint de se mettre à leur place. Bon, évidemment, on peut légitimement se demander si quelqu’un qui a vécu toutes sa vie selon des valeurs aussi strictes que celle de Nicholas va changer du jour au lendemain, même après des épreuves aussi viscérales que celles qu’il a vécue. En voyant la manière dont le monde de la finance est revenu au « business as usual » après la crise et le sauvetage des banques, j’ai comme un doute, mais bon...

Il s’agit donc d’un film très agréable, avec du spectacle en veux tu en voilà comme Hollywood sait faire mais aussi des prétentions au delà du simple film d’action bourré d’adrénaline. Il peut sans rougir rejoindre les films à chute comme  Le sixième sens, Les autres et évidemment fight club.
Ma note :7/10

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